Le président Paul Biya a signé, le 1er septembre 2025, un décret convoquant les collèges électoraux pour l’élection des conseillers régionaux, prévue le 30 novembre prochain. Cette annonce, qui intervient avant les élections municipales de mars 2026, suscite une vive controverse sur la cohérence du calendrier électoral et la légitimité des futurs élus régionaux.
📅 Une convocation qui bouscule le calendrier électoral
Traditionnellement, les conseillers régionaux sont élus pour un mandat de cinq ans, au suffrage indirect. Le Code électoral élection doit avoir lieu au plus tard 20 jours avant l’expiration du mandat des conseils régionaux. Pourtant, en convoquant les collèges électoraux avant le renouvellement des conseils municipaux, le pouvoir en place crée un paradoxe institutionnel : des conseillers municipaux en fin de mandat seront appelés à élire des représentants régionaux pour les cinq prochaines années.
Cette inversion du calendrier soulève des interrogations sur la représentativité démocratique du scrutin. Plusieurs partis d’opposition dénoncent une « manœuvre électorale » visant à verrouiller les institutions régionales avant les municipales.
🏛️ Composition des collèges électoraux
L’élection des conseillers régionaux repose sur deux collèges électoraux distincts :
- Le collège des délégués des communes : composé des conseillers municipaux en fonction.
- Le collège du commandement traditionnel : constitué de chefs traditionnels reconnus par l’administration.
Chaque région élit 90 conseillers régionaux, répartis comme suit :
- 70 délégués issus des partis politiques,
- 20 représentants du commandement traditionnel.
Les électeurs votent dans les chefs-lieux des départements, selon une procédure encadrée par le Code électoral.
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🧾 Modalités de candidature
Pour être éligible, un candidat doit :
- Être citoyen camerounais inscrit sur une liste électorale,
- Avoir au moins 23 ans,
- Savoir lire et écrire en français ou en anglais,
- Résider depuis au moins 6 mois dans la commune concernée, ou y justifier d’un domicile.
Les représentants du commandement traditionnel sont exemptés de la condition d’âge. Certaines catégories, comme les personnels de sécurité ou les agents de l’administration régionale, sont frappées d’inéligibilité.
⚖️ Une légitimité en débat
Au-delà des considérations techniques, cette convocation soulève une question fondamentale : peut-on confier à des élus municipaux en fin de mandat le pouvoir de désigner les représentants régionaux pour les cinq prochaines années ? Pour de nombreux juristes, cette situation crée un précédent constitutionnel problématique et fragilise la légitimité démocratique du processus.

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