Le 27 août 2025, la localité de Meskine, dans le Diamaré, a fait irruption sur la scène nationale. Ce qui devait être une visite ministérielle de routine s’est transformé en une démonstration de colère populaire, révélant les fractures profondes entre les citoyens et leurs élites politiques. Les émeutes qui ont éclaté ce jour-là ne sont pas un accident : elles sont le symptôme d’un abandon prolongé et d’un ras-le-bol généralisé.
Le jour où tout a basculé
Sous la houlette du Lamido de Meskine, ancien maire et figure influente du RDPC, les habitants ont été mobilisés pour accueillir le Ministre des Finances, Louis Paul Motazé. Le marché hebdomadaire a été fermé, des milliers de personnes ont été rassemblées, des gandouras de luxe et des chevaux ont été achetés pour l’occasion. Mais le Ministre ne s’est jamais présenté.
Ce silence a été vécu comme une humiliation. Des commerçants privés de revenus, des familles empêchées de préparer la rentrée scolaire, et une population laissée dans l’attente. La frustration a explosé.
Une révolte spontanée
La colère s’est matérialisée par des manifestations, des slogans hostiles, des dégrad’incendie de tenues du RDPC. Le cortège préfectoral a été repoussé, et le Gouverneur de la région a dû battre en retraite sous les huées. Le cri de ralliement “Issa Tchiroma, Issa Tchiroma” a résonné dans les rues, signe d’un désir de rupture avec les figures traditionnelles du pouvoir.
Meskine, bastion oublié
Historiquement fidèle au RDPC, Meskine est aujourd’hui un village en souffrance : plus de 1000 diplômés sans emploi, des routes impraticables, un accès limité à l’eau potable, et une absence criante d’élites capables de porter les revendications locales. La loyauté politique n’a jamais été récompensée.
Vers une recomposition politique ?
Depuis les émeutes, les conversations à Meskine tournent autour d’un choix décisif : rejoindre l’UNDP ou s’aligner derrière le FSNC d’Issa Tchiroma Bakary. Le RDPC, jadis hégémonique, voit ses militants déserter. Le terrain politique se redessine, et Meskine devient un laboratoire de recomposition électorale dans l’Extrême-Nord.
> “Le RDPC n’a plus la même emprise qu’avant. Aujourd’hui, les cartes se redistribuent et la population veut un parti qui parle son langage.” — Un enseignant de Meskine
Et maintenant ?
Les émeutes de Meskine ne sont pas un simple débordement. Elles sont un signal d’alarme. Elles disent : assez. Assez de mépris, assez de promesses non tenues, assez de cérémonial vide. Elles posent une question brûlante : que vaut la fidélité politique quand elle ne mène à aucun progrès concret ?
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