Des dizaines de morts, des milliers d’arrestations et un climat de peur généralisé : tel est le bilan alarmant dressé par Human Rights Watch après l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun. Alors que le Conseil constitutionnel a confirmé la victoire du président sortant Paul Biya avec 53,66 % des voix, les manifestations qui ont suivi la proclamation des résultats ont été réprimées avec une brutalité extrême. L’organisation de défense des droits humains dénonce un usage disproportionné de la force par la police et la gendarmerie, ainsi que des détentions arbitraires massives dans tout le pays.
Selon le rapport publié le 12 novembre, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des manifestants dans plusieurs villes, dont Douala, Bafoussam et Garoua, provoquant la mort d’au moins 48 à 55 personnes selon différentes sources. Human Rights Watch indique avoir recueilli les témoignages de familles de victimes et d’avocats décrivant des scènes de violence indiscriminée : des civils abattus dans la rue, des adolescents blessés par balles, des commerçants tués alors qu’ils tentaient de fuir.
Les autorités, par la voix du ministre de la Communication René-Emmanuel Sadi, ont reconnu « plusieurs dizaines de morts » et promis des enquêtes, sans pour autant en préciser les modalités ni les responsables. Cette absence de transparence nourrit les inquiétudes sur une possible impunité des forces de sécurité.
La communauté internationale n’est pas restée silencieuse. L’Union européenne et plusieurs ONG locales ont appelé à une enquête indépendante, tandis que des diplomates occidentaux ont exprimé leur préoccupation face à la répression. Amnesty International a également dénoncé « une spirale de violence qui menace la stabilité du pays ».
Des organisations régionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), ont exhorté les autorités camerounaises à privilégier le dialogue et à garantir le respect des droits fondamentaux.
Au-delà des morts et des arrestations, Human Rights Watch souligne l’instauration d’un climat de peur généralisé. Des journalistes ont été intimidés, des opposants politiques arrêtés, et des habitants affirment vivre dans la crainte permanente de nouvelles rafles. Les prisons, déjà surpeuplées, accueilleraient des centaines de détenus arrêtés sans mandat ni procès équitable.
Pour de nombreux observateurs, cette répression traduit la fragilité du système politique camerounais et l’incapacité des institutions à garantir une alternance démocratique. Le pays, dirigé par Paul Biya depuis plus de quatre décennies, semble s’enfoncer dans une crise politique et sociale profonde.

Aucun commentaire
Enregistrer un commentaire