À moins d’un mois de l’élection présidentielle camerounaise prévue le 12 octobre, une onde de choc a traversé le paysage politique : Brenda Biya, fille du président Paul Biya, a publié une vidéo virale dans laquelle elle appelait explicitement à ne pas voter pour son propre père. Une prise de position inédite, explosive, et profondément déroutante dans une société où la loyauté familiale est souvent sacralisée.
Yaoundé, septembre 2025 —
« Ne votez pas Paul Biya, pas par rapport à moi, mais parce qu’il a fait souffrir trop de gens », déclarait-elle dans une première vidéo tournée depuis la Suisse, où elle réside.
Cette sortie, qui évoquait des souffrances personnelles et une rupture familiale assumée, a été perçue par certains comme un acte de courage, par d’autres comme une trahison. Brenda annonçait même couper les ponts avec sa famille et renoncer aux avantages financiers liés à son statut.
Mais quelques jours plus tard, nouveau rebondissement : dans une seconde vidéo, toujours sur TikTok, Brenda Biya revient sur ses propos. Lunettes de soleil sur le nez, ton plus posé, elle affirme :
« La politique, je n’y connais rien de chez rien. Je dois me remettre en question. Je ne me rends pas compte des gens que je heurte ».
Elle va jusqu’à qualifier son père de « bijou » et d’« excellent candidat », saluant son intellect et sa stature présidentielle. Ce rétropédalage, tout aussi viral que sa première sortie, laisse planer le doute sur ses motivations réelles et sur les pressions éventuelles qu’elle aurait pu subir.
🔍 Une parole qui dérange
Jamais dans l’histoire politique du Cameroun un enfant de président en exercice n’avait publiquement appelé à voter contre son propre géniteur. Cette rupture familiale, mise en scène sur les réseaux sociaux, révèle des tensions profondes au sein du clan présidentiel et soulève des questions sur la gestion de l’image publique à l’ère numérique.
« On ne s’attendait vraiment pas à ça dans une famille africaine traditionnelle », confie un politologue de l’université de Yaoundé.
🗳️ Quel impact sur le scrutin ?
Alors que Paul Biya, 92 ans, brigue un huitième mandat après 42 ans au pouvoir, cette séquence pourrait influencer une partie de l’électorat jeune, très actif sur les réseaux sociaux. Mais l’effet réel reste difficile à mesurer. Entre admiration, scepticisme et malaise, les Camerounais oscillent.
🎭 Entre impulsivité et stratégie
Brenda Biya, souvent décrite comme impulsive et médiatique, semble avoir voulu s’exprimer sur un terrain qu’elle reconnaît elle-même ne pas maîtriser. Son mea culpa, bien que sincère en apparence, n’efface pas l’impact de sa première déclaration.
« Formez votre propre opinion », conclut-elle dans sa seconde vidéo.
La double sortie de Brenda Biya illustre à quel point les dynamiques familiales peuvent se mêler aux enjeux politiques, surtout dans un contexte électoral tendu. Elle rappelle aussi que dans l’ère des réseaux sociaux, chaque parole publique peut devenir un acte politique — volontaire ou non.
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