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Guerres d'héritage: le martyre silencieux des veuves.

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De manière générale, perdre un conjoint est un crèvecoeur. Pour les femmes, perdre un partenaire de vie avec lequel on a souvent passé la majeure partie de son existence, est sous tout les latitudes un grave traumatisme.  Pour les africaines ,au traumatisme ,au choc des rituels dégradants, à la douleur et aux incertitudes causées par la perte de celui qui est généralement le pilier de la famille, il faut ajouter le stress des guerres d'héritage qui signifient presque toujours la perte de moyens de subsistance. 




Celles-ci suivent souvent de très près le décès de l'époux. Parfois même, la famille n'a pas la décence d'attendre la fin des funérailles pour lancer les hostilités.

Ces guerres; qui aboutissent bien des fois à des affrontements physiques et à des drames, durent souvent des années voire des décennies et exigent des veuves une énorme débauche d'énergie et de moyens; trouvent leurs sources dans les traditions et dans une législation qu'on peut trouver inadaptée.





Au départ le statut de la femme en question.



Que le défunt soit un salarié, un riche homme d'affaires ou même un chômeur. Qu'il laisse des milliards, un capital-décès ou tout simplement une poignée de vent, sa famille élargie ( frères, cousins, cousines, oncles et tantes) estime toujours que son héritage leur revient à eux et non pas à sa descendance, encore moins sa veuve. Pourquoi ? Parce que jusqu'ici dans la plupart de nos communautés, la femme reste perçue comme un meuble, une non-entité. Pour ceux là ,aussi vrai qu'un meuble ne saurait posséder des biens, une femme ne peut pas  hériter.

Encore plus, quel que soit le nombre d'années qu'elle a passé avec le défunt, elle est regardée comme l'étrangère, celle qui ne fait pas partie de la famille et qui ne saurait donc hériter d'un quelconque biens dans la famille.

 Bien des fois, elle est accusée d'être à l'origine de la mort de son époux. L'empêcher d'hériter devient donc tant une question d'honneur que d'"éthique".

Pour finir, que la femme  ait participé ou pas à sa constitution, le patrimoine du couple est par définition la propriété exclusive du mari. Et, la richesse en Afrique étant, comme nous l'avons dit plus haut une affaire de communauté, le patrimoine  est perçu comme étant celui de la "famille" qui entend l'utiliser à sa guise.


Cet argumentaire né  d'une longue culture inégalitaire, s'appuie en plus sur une législation qui semble plus de nature à générer des conflits qu'à les résoudre.



Une législation inadaptée et conflictogène.


En Afrique, la coutume de faire établir un testament reste très marginale. Ce qui laisse libre cours à toute les dérives après le décès de l'époux. Et quand bien même le défunt en fait  établir un, la veuve se heurte bien souvent à l'opposition de la famille de celui-ci qui trouve chaque  fois des arguments dans les législations en vigueur en matière de succession.


Prenons le cas de la législation Camerounaise: dans l'article 767 du code civil, elle prévoit que le conjoint survivant ne peut hériter que si le défunt n'a pas d'enfants et de parenté directe.  À défaut, il est juste un administrateur jusqu'à la majorité des enfants ou alors se partage le leg avec les parents du defunt. 

Une aberration quand on sait que la plupart des unions se font sous le régime de la communauté des biens et que bien souvent, même si elles n'ont pas un emploi salarié, les femmes participent grandement à la constitution du patrimoine de la famille. Comment donc justifier que la mort d'un membre de la communauté prive le membre survivant de la jouissance des biens de cette communauté ?


Obligées de se pourvoir en justice, les  veuves se retrouvent souvent confrontées à des familles qui ne reculent devant rien ni mensonge ni manipulation, ni corruption et des juges qui ne semblent pas souvent pressés de leur rendre justice. 

Certaines familles vont jusqu'à mettre en doute la filiation des enfants du couple. Ce qui ajouté déjà à la difficulté de la situation est une atteinte grave à l'honneur de ces femmes.






À la fin une société fragilisée.


Selon un article de la banque mondiale , les veuves en Afrique représentent environ 10% de la population et la plupart d'entre elles sont des chefs de famille souvent chargées du bien être de nombreux orphelins.

Privées de leur revenus par ces guerres les veuves sont Incapables d'assurer la survie de leur famille.

De plus,. comme signalé plus haut, ces guerres aboutissent parfois à des batailles physiques avec bien souvent mort d'homme (ou de femmes).




*"Cet article a été rédigé dans le cadre de la campagne citoyenne organisée par l'ABC (association des blogueurs du Cameroun), avec pour thème : féminicides, agressions sexuelles et violences conjugales."*

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